La préparation mentale, on s'y met quand ?





Il est souvent intéressant de s'inspirer des meilleurs, ne pas vouloir les copier, mais comprendre leur organisation et leur préparation pour gagner et gagner encore... La France est la seule nation majeure du rugby à ne pas disposer d'un préparateur mental.


La tournée des All Blacks en Europe vient couronner une année et un cycle de victoire incroyable qui doit nous interroger sur leur capacité à vaincre et à faire douter l'adversaire bien avant le coup d'envoi jusqu'au coup de sifflet final. 

Le rôle de la préparation mentale est d’exercer le cerveau comme n’importe quel muscle dans la préparation sportive: Le principe du travail est d’exploiter les ressources mentales de chaque joueur pour lui proposer une solution sur-mesure, adaptée à son mode de fonctionnement personnel, et destinée à favoriser la concentration et la connexion au moment présent...transposable à tous les sports!!


Dan Carter (Equipe du 09/11/17): A propos de l’équipe :

DC : « La base est de ne jamais oublier que le rugby est un sport d’équipe. Si un gars agit motivé par son seul intérêt, le groupe le remet en place. Tu peux être confiant, rouler des mécaniques… mais tes actions doivent être motivées par l’intérêt de l’équipe. Servir le groupe, plutôt que de s’en servir, sinon tu ne feras pas long feu sous le maillot noir. »

Comment insuffler l’exigence aux joueurs sans les inhiber avec la peur de l’échec ?
DC : « Un bon coach dirige ses joueurs selon leur personnalité. Certains ont besoin d’être poussés, d’autres d’un peu plus d’affection ou de douceur. L’important n’est pas le moyen employé mais le résultat : tirer le meilleur de chacun. Dans ce domaine, Steeve Hansen (actuel coach des All Blacks) est le meilleur. Il a toujours eu cette dimension humaine, cette intelligence émotionnelle. »

Gilbert Enoka, le coach mental s’occupe aussi des entraîneurs ?
DC : « Il écoute et observe en retrait. Il s’assure que les rouages sont bien fluides. S’il sent que quelque chose se grippe il fera un pas en avant. Il est le lien entre nous. »

A propos du management par le questionnement pratiqué en sélection :
DC : « On a besoin que les joueurs pensent par eux mêmes pour prendre les commandes en match. Si un coach est trop directif, les joueurs cessent d’écouter. En plus il n’est pas sur le terrain. Qui est mieux placé que les joueurs pour prendre en main leurs actions, la manière dont ils veulent développer le jeu. Certains coachs pensent que plus il y a d’instructions, mieux c’est. Chez nous, c’est aux joueurs de conduire l’équipe. »

La préparation mentale a pris une dimension énorme pour les All Blacks ?

DC : « On ne peut plus se contenter d’être plus rapides, plus costauds, plus endurants.

Avoir des idées claires, exécuter les bons gestes sous la pression, ça vient de l’esprit et ça il faut le travailler. »

Quelle était votre routine de retour au calme avant un coup de pied ?
DC : « J’inspirais, je gardais l’air deux secondes puis j’expirais. Un geste essentiel, pour que toutes les pensées bonnes ou mauvaises disparaissent. Je venais de tomber un ballon, une petite tape sur la cuisse et c’était oublié. Plein d’athlètes sont pollués par les erreurs commises dix minutes avant. Il faut être dans l’instant présent pour ne plus penser à l’enjeu. »

Beauden Barret, ouvreur des Blacks, élu meilleur joueur de l’année (26 ans)

Qu'en est-il de votre préparation mentale ?
La dimension physique de notre sport est énorme, mais l'aspect mental est bien plus important. J'y consacre beaucoup de temps, mais sporadiquement. Cinq minutes ici ou là. Les thèmes sont nombreux : l'ultra détail tactique ou la clarté du plan de jeu global, mon attitude intérieure ou le relationnel avec les coéquipiers. Ainsi qu'un tas d'autres trucs... Je fais de la visualisation positive sur l'état dans lequel je souhaite être.

C'est-à-dire ?
Cet état se résume en trois mots : light (léger), bright (vif), clear (clair). Je m'efforce de ne pas avoir l'esprit dérangé par les événements, de rester léger, explosif, vif, alerte et concentré. J'ai des techniques pour arriver à me mettre dans cet état avant le coup d'envoi. Et même en cas d'urgence pendant la rencontre. Quand je commets une erreur, il me faut passer au-delà et il y a des petits trucs pour y parvenir. Je ne peux pas livrer nos secrets. Disons que la clé est de savoir revenir vite au présent. Voilà l'état idéal pour être performant."

Pour Gilbert Enoka, préparateur mental des Blacks depuis plus de 15 ans, le développement de la force mentale est impossible sans une solide culture partagée au sein du collectif.


Pour favoriser cette culture commune, le préparateur anime des sessions de groupe ou chacun partage ses peurs, ses difficultés, son histoire personnelle, et où les égos surdimensionnés sont priés de s’abstenir : les joueurs écartés après 1 ou 2 sélection se comptent par dizaines… car la vision est celle d’une équipe dont la somme est plus importante que le tout, et qui doit performer au-delà des individus, dans le respect d’un héritage qu’il lui appartient de prolonger à destination des générations à venir.

 A lire: les 7 soucis du XV de France, All blacks mental, Gilbert Enoka

Vous aussi vous pouvez améliorer vos performances par la préparation mentale, contactez Perfoptimum