Perfoptimum vous accompagne pour un coaching gagnant nécessitant une cohésion d'équipe et un esprit club




En intégrant une équipe au sein d’un club ou d’une association je vais devoir me plier à une certaine discipline. Etre à l’heure, écouter les uns et les autres, partager les bons et les mauvais moments, soutenir chaque membre de l’équipe dans toute situation...Témoignage ...


Arrivé à Boulazac à l’intersaison, Antoine Michon aura la mission de remettre le BBD sur les bons rails suite à une saison décevante pour son retour en Pro B. Le technicien le plus expérimenté de la division (9 saisons consécutives au compteur) nous a accordés un peu de son temps pour revenir avec nous sur ce nouveau challenge.

Tout d’abord merci de nous accorder ces quelques minutes. Vous avez fait le choix de vous engager avec Boulazac avant la fin de votre saison à Aix-Maurienne, quelles ont été vos motivations ?

Après neuf saisons passées en Pro B comme coach (à Nantes puis Aix-Maurienne), je recherchais un projet où je puisse avoir une infrastructure, des moyens, au-delà des aspects financiers, pour travailler, continuer à évoluer et progresser. L’opportunité de Boulazac s’est déclenchée et c’est donc un choix de développement de carrière. Et puis c’est un club que je connais depuis assez longtemps de part le fait de les avoir rencontré de nombreuses fois et d’avoir vu leur évolution. Je connais aussi les historiques comme Pierre Bonneau ou Pierre Sagot car il ne faut pas oublier que dans les clubs il y a toujours des historiques. Je suis toujours attaché aux relations humaines que ce soit dans mon management ou dans la construction des équipes donc ça correspondait à ma recherche. J’ai joué les playoffs ces deux dernières années et je recherchais un club qui voulait rejoindre le haut du tableau de la Pro B car ça reste l’objectif de Boulazac. La montée ce n’est pas une chose qui est l’objectif d’aujourd’hui mais ça pourrait devenir celui de demain. Ce sont tous ces éléments qui ont fait que j’ai pris la décision de venir ici.


Vous venez d’un club qui possédait des moyens plus modestes, arrivez-vous à Boulazac avec une certaine pression ?

Par rapport à la pression, qu’on soit dans n’importe quel club elle existera toujours pour tous les coachs. Ce n’est pas parce qu’on est coach à Aix qu’on a moins de pression que quand on l’est à Boulazac. Alors forcément les objectifs sont un petit peu plus élevés donc ça rajoute un peu de pression mais, pour moi, quand on est coach dans le milieu professionnel il est clair que la pression c’est tous les jours. Dans un club modeste, les joueurs se sentent moins coucounés et quand on est coucouné, on peut parfois avoir tendance à oublier l’essentiel. L’essentiel c’est de créer un groupe qui va se bagarrer pour essayer de faire une belle saison. Qu’on soit dans n’importe quel club en France, les coachs doivent essayer de créer ça et parfois l’environnement est plus ou moins favorisant. À Boulazac, ça a pu à certains moments être le cas. Je voudrais modestement essayer de recréer dans l’équipe un état d’esprit pour se bagarrer et essayer de jouer les playoffs.

Plusieurs joueurs (Houmounou, Dubiez et Kerckhof) étaient encore sous contrat au moment de votre arrivée, comment vous êtes-vous adapté à cela ?

Je crois que c’est une contrainte de 99% des coachs quand ils arrivent dans un nouveau club. Je ne suis encore jamais arrivé dans un club où il y avait un effectif vierge. Je crois qu’il faut le prendre d’une façon plutôt positive parce que le joueurs qui étaient en place connaissent l’environnement, la structure, les supporters. Comme j’arrive dans une équipe qui sort d’un championnat moyen, on peut se servir de ça pour utiliser un petit aspect revanchard, je connais leurs valeurs de basketteurs, leurs capacités et moi aussi je veux essayer de leur redonner confiance. Ça fait aussi partie de la construction du groupe. Je pars du principe que ce sont des bons joueurs et qu’ils vont faire une belle saison. « J’ai vu un groupe où il fait bon vivre »

Concernant les nouveaux arrivants, quel a été votre fil conducteur dans la construction de l’équipe ?


J’ai toujours voulu créer des groupes et ne pas faire l’addition de statistiques. Tous les gens regardent les arrivées et regardent les statistiques des joueurs. Moi ça n’a pas été ma démarche, la mienne a été de tout d’abord construire autour de JFLs expérimentés. Je souhaite que chacun trouve sa place, c’est-à-dire que chaque joueur qui était en place puisse trouver à ses côtés des joueurs complémentaires. . Je veux que les joueurs aient des objectifs collectifs même s’il y aura forcément des attentes individuelles.

Après les avoir vu évoluer depuis un peu plus de deux semaines, quel est votre sentiment sur vos recrues étrangères ?

Je pense tout d’abord qu’ils ont les capacités d’évoluer en Pro B. Ils ont aussi la capacité à être complémentaires. La plus grande énigme c’est mentalement. Seront-ils capables de faire partie du groupe ? Mais au final, ce sont des garçons qui se sont intégrés très rapidement. Les premiers contacts ont été bons, ils ont eu la capacité à pouvoir échanger avec le groupe, ça s’est fait presque naturellement. J’ai vu un groupe où il fait bon vivre. Ça ne suffit pas à gagner des matchs mais ça viendra. J’attacherai beaucoup d’importance à la vie du groupe car parfois dans l’échec d’une saison on se rend compte qu’au-delà des individualités il manque la relation et la vie de groupe. On va essayer que cette année ça prenne.

Désormais au complet, vous allez pouvoir entrer dans le vif du sujet avec les premiers matchs amicaux.

Les gens sont souvent impatients, ils font des analyses et des prédictions très tôt. J’ai repris depuis 10 ans les prédictions des gens et on voit qu’elles sont valables à 30 ou 40%. Il ne faut donc pas trop tenir compte de cela car ça peut impacter les groupes. Le plus important, c’est le travail d’un point de vue interne, les liens que l’on crée. Ce sont ces choses-là qui font que l’on va faire une bonne saison. Il ne faut pas être prêt à jouer les matchs de préparation mais à jouer la compétition. Parfois on sort de matchs de préparation et certains en déduisent des choses sur la capacité des joueurs. Dans le groupe, il y a sept joueurs que je connais bien et qui ont tous des références en Pro B. Après j’ai un David Jackson que je n’ai fait jouer que 15 minutes hier, ça m’a suffit. Il valait 12 points en VTB League, je l’ai vu jouer contre des équipes comme le Khimki. Ovie Soko, a lui besoin de prendre plus de repères car il est rookie et Odiakosa fera ses matchs. Il ne faut pas tirer de conclusions hâtives et faire des analyses trop tôt. Il faut laisser le temps aux gens de s’installer, on voit par exemple le joueur qu’est devenu O’Darien Bassett alors qu’il a été critiqué à ses débuts à Clermont. Je prends du recul par rapport à ça.


Antoine Michon (photo : Seb-g)
Avez-vous une hiérarchie en tête ou estimez-vous qu’elle se fera naturellement ?

C’est important qu’il y ait une hiérarchie mais je pense que c’est la performance qui fera la hiérarchie. J’ai deux joueurs sur chaque poste donc on pourra aussi s’adapter aux adversaires en termes de mobilité. Par exemple si en face on a deux postes 4 petits, peut-être que ça correspondra moins bien à Odiakosa. Pour moi, chacun doit se sentir important dans un groupe. C’est lorsque des joueurs se sentent un peu inutiles que ça devient dangereux. Personne n’est frustré de jouer 15 minutes dans une équipe qui joue les 5 première places, par contre jouer 4 minutes en remplacement d’un autre joueur quoi qu’il se passe, cela présente un risque de se détacher du groupe.
 Ce qui fait aussi que l’on est bon, c’est le sentiment d’appartenance à une équipe alors que c’est lorsqu’on se sent exclu que l’on peut perdre ses moyens.
Ce qui fait les très bonnes équipes c’est l’implication globale du groupe. Je pense qu’il faut se battre pour un club et son environnement même si ce n’est pas facile lorsque l’on ne reste qu’un ou deux ans dans une équipe. L’amour du maillot, c’est important, l’attachement doit simplement être plus rapide aujourd’hui qu’il y a quelques années où les joueurs restaient plus longtemps dans les clubs. Dès que j’arrive dans un club, j’essaie de m’imprégner le plus vite possible de l’environnement. Cela signifie aller vers les gens et échanger, expliquer la construction de l’équipe. Dans ce processus les supporters sont cruciaux, j’ai discuté avec certains d’entre eux et ce qu’ils veulent c’est que les joueurs se bagarrent, c’est une évidence. Cela permet au public de s’identifier et de créer un lien avec l’équipe. D’autant plus après une saison mitigée, on sera attendu sur ce secteur, j’ai déjà prévenu les joueurs. On ne peut pas ne pas se battre, la combativité on doit en faire une marque de fabrique.

Didier ROMAIN, Perfoptimum