Perfoptimum accompagne par la préparation mentale les sportifs à gérer le stress, la pression, à gagner de la confiance....pour une performance réussie




Il est vrai que pour réussir au plus haut niveau un travail technique et physique important est indispensable. Cependant réduire son entraînement uniquement à cela diminue énormément ses chances de donner le meilleur de soi « le jour J ». Il y a une méconnaissance sur ce que représente un travail en préparation mentale...je vous invite à lire cet article:


Stress, pression, confiance: le champion face à ses nerfs 



TENNIS – Il y a deux phrases qu’on entend régulièrement sur le circuit.
1. Le tennis à ce niveau, c’est dans la tête.
2. « La confiance, elle met du temps à venir mais elle part très rapidement »,
 comme me répétait encore Stan Wawrinka -qui défend en ce moment son titre à Melbourne- il y a quelques mois quand je venais lui parler de confiance.
Et pourtant, on parle de préparation physique, de technique mais rarement de la tête alors que les méthodes de préparation mentale ont le vent en poupe. Parce que les enjeux et la pression sont énormes, parce que le niveau est tel qu’aucun aspect ne doit être négligé. Quand Ivan Lendl est devenu le coach d’Andy Murray en 2012, il l’a envoyé chez une psychologue spécialisée dans le sport de haut niveau. L’Ecossais, désormais coaché par Amélie Mauresmo, avait gagné deux Majeurs par la suite.
Julien Bois, secrétaire général de la société française de psychologie du sport, explique déjà l’importance du respect d’une routine:
« Plus l’événement est d’ampleur et donc susceptible d’être déstabilisant, plus il est rassurant d’utiliser des routines qui ont fait leurs preuves: le contenu de la semaine d’entraînement qui précède, les modalités de préparation du premier match, la journée d’avant-match, l’hébergement et le déplacement. Les mots employés sont importants. Les choses récurrentes rassurent et donnent confiance, car l’athlète a quelque chose qu’il contrôle et auquel il peut se raccrocher. » – Rafael Nadal et sa routine au service
« Donner au joueur le sentiment qu’il est prêt », Patrick Mouratoglou
Dans ces éléments qui rassurent, la confiance construite dans les victoires, mais pas seulement, est déterminante.
« Je m’appuie sur le travail que je fais en dehors des matches, sur les quantités d’heures, sur les bons entraînements, la condition physique faite hors tournois, expliquait ainsi Wawrinka. Sur le long terme, il n’y a que ça qui paie pour moi. On doit accepter de faire de mauvais matches, d’avoir de mauvais jours, de ne pas tout remettre en question après chaque tournoi. Ce qui est aussi important en Grand Chelem, c’est de ne pas gaspiller d’énergie quand le tournoi commence. Je passe toujours le minimum de temps sur le site car il y a trop de monde et trop d’excitation, du monde qui veut te parler, du bruit… »
A l’approche d’un Majeur, cette relation confiance-pression prend tout son sens comme l’explique Patrick Mouratoglou, coach de la No. 1 mondiale Serena Williams:
« On a tous passé des examens scolaires en étant mal préparé et là, le stress monte au maximum. Imaginez qu’il y a deux bouteilles, la pression et la confiance. Tu gagnes beaucoup, il y a une grosse pression et une grande confiance donc ça s’équilibre. Mais si le déséquilibre est trop important, alors ils ont beaucoup de mal à bien jouer.
 Il faut être bien préparé et il faut donner au joueur le sentiment qu’il l’est. Ce qui n’est pas la même chose. Le mental, c’est ce qu’on pense, ce n’est pas la réalité. »

La sophrologie pour vaincre le stress?
Des techniques de préparation mentale visent à dompter stress et pression. La sophrologue Catherine Aliotta explique ainsi l’aide apportée par sa discipline:
« C’est une méthode psycho-corporelle où on va, à la fois, avoir des exercices appelés de relaxation dynamique, des mouvements associés à la respiration pour éliminer les tensions musculaires, et des exercices guidés par la voix du sophrologue qui sont de la suggestion mentale. Pour libérer du mauvais stress tout en gardant la tonicité. Il y a des exercices rapides pour se remobiliser, se reconcentrer, pour faire le vide: travail sur la respiration, associer le fait de compter -qui occupe l’esprit et reconcentre- et de respirer pour ramener le calme. Il y a aussi des exercices de visualisation: je me projette dans le match ou dans les mouvements les yeux fermés, je m’imagine en train de faire un geste parfait pour l’intégrer et le reproduire plus aisément. »
Si vous regardez attentivement les joueurs, vous apercevrez ce travail de respiration, ces yeux fermés, ces routines respectées. Le No. 1 mondial Novak Djokovic en est une bonne illustration aux changements de côté: respiration, visualisation, retour au calme, etc. Le Serbe est un adepte du yoga  et dévore les livres sur les liens du corps et de l’esprit. A priori, il est son propre préparateur mental, et dans ses discours, parfois, il pointe les techniques des professionnels comme après sa victoire à Wimbledon en 2014:
« J’ai réussi à battre mon adversaire mais aussi à gagner contre moi-même, à trouver cette force intérieure pour remporter le trophée. Je suis resté dans l’instant présent, je n’ai pensé qu’à ce qui se produisait sur le moment et qu’à ce que je pouvais influencer. C’est là qu’il est important de rester calme, car le reste, c’est soit dans le passé, soit dans le futur: tu ne peux rien y changer et rien prévoir. On ne peut être que dans le présent. »
Julien Bois a un nom pour ça: la pleine conscience, technique de gestion du stress.
« Il y a deux approches. La classique donne les moyens objectifs de réguler ce stress (techniques de relaxation, imagerie mentale, se visualiser en train de réussir, se visualiser dans un environnement calme). L’autre, plus pragmatique, est basée sur la pleine conscience. Je serai stressé quoi qu’il arrive car c’est la situation qui est comme ça, donc il faut se focaliser sur l’état dans lequel je suis au présent, sur les sensations physiques, ce que je vois, ce que j’entends, avec l’idée que ça m’aide à mettre de côté les pensées parasites (j’ai peur de perdre, j’ai peur d’être jugé, si je rate ce point, mon match est fini, etc.). On se concentre sur sa conscience, sur soi-même et surtout sur les éléments techniques et tactiques qui permettent d’être performant. Quelles sensations le joueur doit avoir sur son service, à quoi il doit penser. On n’affronte pas directement le stress. »
Faire face à ses angoisses
Et quand on parle du gratin du tennis mondial, on parle d’une pression étouffante. Ces joueurs sont censés gagner le titre, l’argent, la gloire, la place dans l’histoire. Tout le monde les attend. L’échec n’est pas une option.
« Il y a une effervescence démultipliée, explique Patrick Mouratoglou, une pression monstrueuse, des obligations partout (sponsors, journalistes). Quand on est avec un joueur exceptionnel, son expérience fait que beaucoup de choses sont de la routine. Mais ils ressentent tous la pression. L’erreur est de leur faire avouer qu’ils ont peur: ça ne fait qu’augmenter le stress. Je préfère les reprogrammer pour trouver d’autres mots. On reconnaît des situations, « oui, quand je suis dans cette situation-là, je ne fais pas ce qu’il faut », et on met un plan face à cette situation. On ne verbalise pas qu’on est faible. Un psy dirait sûrement l’inverse mais on n’est pas dans la même démarche. Tout le monde tremble sur les points importants donc il faut des solutions, même si certains ont des facultés à passer au-dessus de la peur plus que d’autres. »
La sophrologie va, elle, confronter le joueur à ses angoisses afin de casser des schémas destructeurs.
« Il y a les peurs de la victoire et il y a dépasser l’échec, explique Catherine Aliotta. La
peur de la victoire, ce sont ceux qui sont au même niveau mais manquent de confiance en eux. L’estime de soi se travaille et se cultive. Pour ça, il faut savoir, aussi, dépasser l’échec. On travaille sur des déprogrammations, qui servent aussi quand il y a eu une blessure (appréhension, le niveau ne revient pas). On fait en sorte que le corps et l’esprit déprogramment la douleur, l’échec et réimpriment quelque chose de positif. »
Quand vous regarderez l’Open d’Australie, guettez les attitudes sous tension: vous devinerez peut-être qui coache ses nerfs autant que son coup droit, qui ferait mieux de le faire et qui est né avec de l’acier trempé dans les veines.

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Didier ROMAIN, Perfoptimum